L’Agence Française de Développement n’aidera pas les élus à régler le problème de l’eau si elle n’a pas de garanties sérieuses ou du moins le sentiment d’un « grand ménage », d’un vrai consensus et d’une implication globale des politiques.
Odile La pierre, la directrice de l’AFD Guadeloupe a tenu lundi dernier une réunion « état des lieux » avec ses techniciens, pour présenter aux élus, la situation concrète en matière de réseaux d’eau potable. Alors que deux semaines plus tôt, tous nos politiques se sentaient investis par cette mission, aucun élu d’une seule communauté d’agglomération n’était présent, sinon Marie-Galante. Un clin d’œil à ce territoire qui, s’il est dans la nasse sur de nombreux dossiers, est le seul à assurer une gestion saine de l’eau et à afficher un bilan équilibré… Sa distance avec la Guadeloupe continentale et son obligation à gérer seul, l’épargne des turpitudes et incohérences en matière de gestion de l’eau.
Le rôle de l’AFD est de soutenir, stimuler le développement politique et économique, en accompagnant tous les acteurs publics en Guadeloupe. Elle utilise deux outils pour la mise en œuvre des politiques publiques locales : des prêts aux collectivités locales (PCL), et le préfinancement des subventions européennes (PS2E). En contre partie, sur ce dossier, l’AFD a une et une seule exigence : que les communautés d’agglomération présentent un bilan équilibré sur l’eau. Or aucune n’est en capacité de le faire. Pour Odile Lapierre, inutile de cumuler des études et des études qui arrivent toutes aux mêmes conclusions, il faut juste du bon sens. « Les subventions ciblent majoritairement les unités de production et le stockage, or le vrai problème, on le sait tous, est au niveau des réseaux et des compteurs. Un seul chiffre pour illustrer : 50% de l‘eau est perdue sur le réseau. Et si on ne fait pas un grand ménage, si on ne supprime pas un certain nombre de régies, si on ne limite pas la gabegie, si la gouvernance reste mauvaise… je ne pourrais, ni ne voudrais engager les bailleurs de fonds et l’Etat. Plus les années passent et plus la situation est catastrophique, malgré les subventions, et malgré le fait que la production d’eau reste supérieure aux besoins. Une seule solution : il faut tout nettoyer et repartir à zéro et c’est le travail des politiques. » Au delà de ce constat, il faut naturellement rétablir la confiance des consommateurs qui rechignent à payer un service qu’ils n’ont plus. C’est l’étape suivante. Pour le moment restons attentif à la manière dont concrètement les communautés de communes vont gérer ce problème.
Il sera toujours temps ensuite de passer à la gestion des déchets…